Ce qu’il faut retenir de la conférence ACPR 2024 :
1. Renforcement des Exigences KYC (Know Your Customer)
Contexte et enjeux :
- Les exigences KYC sont fondamentales pour identifier les clients et évaluer les risques liés à leurs activités. Cependant, avec l’essor des technologies numériques, le KYC traditionnel atteint ses limites en termes d’efficacité et de rapidité.
- La difficulté réside dans la capacité à traiter des millions de données en temps réel tout en respectant la réglementation.
Problèmes soulevés :
Complexité accrue des données clients :
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- Augmentation des interactions multicanales (mobile, digital, agences).
- Multiplication des identités numériques, qui nécessitent des vérifications plus sophistiquées.
Menaces des « clients à haut risque » :
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- Présence accrue de personnes politiquement exposées (PPE) ou de structures complexes comme des trusts.
- Transactions dissimulées via des prête-noms ou des entités écrans.
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Pression réglementaire :
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- Nécessité de se conformer aux réglementations européennes et internationales, telles que la directive AMLD5/AMLD6.
Solutions détaillées proposées :
Digitalisation des processus :
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- Automatisation de l’identification client via des outils biométriques (reconnaissance faciale, empreintes digitales).
- Utilisation de bases de données interconnectées, comme celles des registres nationaux et internationaux des entreprises.
Gestion proactive des anomalies :
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- Détection des incohérences entre les données fournies par le client et les bases publiques (exemple : adresses ou noms associés à des zones à risque).
- Suivi continu des changements dans le profil de risque des clients (surveillance dynamique).
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Renforcement de la diligence raisonnable :
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- Obligation de documenter toute interaction avec des clients PPE ou ayant des liens avec des juridictions sensibles.
- Vérifications accrues sur les bénéficiaires effectifs des entreprises et les chaînes complexes de propriété.
2. Intelligence Artificielle et Big Data
Contexte et rôle :
- Les outils traditionnels de détection, basés sur des règles prédéfinies, sont dépassés face à l’évolution rapide des techniques de blanchiment et des volumes de données.
- L’intelligence artificielle (IA) et le Big Data deviennent essentiels pour automatiser les processus de surveillance, détecter des schémas complexes et limiter les faux positifs.
Cas d’usage concrets discutés :
Amélioration de la détection :
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- Modèles prédictifs pour identifier des activités inhabituelles sur la base d’historiques de données.
- Utilisation de l’IA pour repérer des relations cachées entre des entités apparemment non liées.
- Détection proactive des montages financiers complexes, comme le « layering » (technique de dissémination des fonds illicites sur plusieurs comptes et juridictions).
Réduction des faux positifs :
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- Les systèmes traditionnels signalent un volume élevé d’alertes inutiles, ce qui surcharge les équipes de conformité.
- Les algorithmes d’IA, en analysant des variables multiples (type de transaction, heure, localisation), permettent d’affiner les critères de détection et de prioriser les alertes pertinentes.
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Traitement de volumes massifs de données :
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- Exploitation de données structurées (transactions bancaires) et non structurées (emails, documents, réseaux sociaux).
- Capacité à analyser en temps réel des millions de transactions et à produire des rapports synthétiques pour les équipes de conformité.
3. Défis liés à l’utilisation de l’IA :
Encadrement réglementaire :
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- Les régulateurs demandent plus de transparence dans la conception et l’utilisation des modèles d’IA pour éviter les biais.
- Obligation de documenter et d’expliquer les décisions prises par les algorithmes.
Éthique et biais :
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- Risque d’exclure certains profils ou de renforcer des discriminations involontaires.
Formation des équipes :
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- Les collaborateurs doivent être capables de comprendre les résultats produits par les outils d’IA et de les intégrer dans leur travail quotidien.